
2 % seulement de femmes parviennent à des postes de chef en restauration ! Moins de 5 % des chefs étoilés du Guide Michelin sont des femmes et cinq restauratrices seulement ont décroché trois étoiles… Ariane Daguin, Hélène Darroze et Anne-Sophie Pic, cheffes d’entreprise reconnues du secteur de la restauration, font figure d’exception. Et le temps des mères lyonnaises, Richard, Blanc ou Brazier qui, au passage, a formé un certain Paul Bocuse, ce temps de l’avant-guerre où les femmes tenaient le haut du pavé en cuisine (restauratrices multi-étoilées), parait bien lointain…
Les réelles difficultés de recrutement d’un monde de la restauration qui peine depuis des années à attirer dans ses cuisines et à fidéliser ses collaborateurs n’ont pourtant pas modifié la place des femmes dans le secteur. Elles peinent à avoir des responsabilités alors qu’elles représentent de 30% à 50% des brigades, sauf à s’investir dans certaines activités comme la sommellerie ou la pâtisserie, un peu à l’écart des pianos. Des choix de parcours qui s’esquissent dès la formation. Chez Ferrandi, l’une des écoles phares de la restauration et du réseau des CCI, 72 % des élèves du Bachelor « art culinaire et entrepreneuriat, option pâtisserie » sont des filles quand ces dernières sont minoritaires (42%) en option cuisine…
Pour son lancement officiel en mars 2022, le collectif a voulu marquer les esprits en projetant à des jeunes en lycée hôtelier le film « À la recherche des femmes chefs » de la réalisatrice Vérane Frédiani et en sa présence. Et pour montrer qu’elles ont toute leur place en restauration, les membres du collectif n’ont pas hésité à s’afficher. Dix-neuf photographies de « Maryses » en format portrait, accompagnées pour chacune d’une citation expliquant le sens de leur engagement, ont été exposées à l’été 2022 dans des restaurants du département à l’occasion de la saison estivale de l’« Année de la gastronomie ». Les deux prestigieuses marraines du collectif – Ariane Daguin et Hélène Darroze – se sont, elles-aussi, prêtées à l’exercice. L’occasion pour les deux cheffes d’apporter leur soutien au combat mené par les restauratrices gersoises : « pour que les femmes soient reconnues à l’égal des hommes » pour Ariane Daguin et « pour mettre en valeur le travail des femmes dans les métiers de la restauration » et « aider les jeunes filles » à les pratiquer, dixit Hélène Darroze.
« La subvention obtenue grâce à la labellisation de notre opération dans le cadre de l’Année de la gastronomie nous a aussi permis de créer les outils de communication du collectif : logo, vitrophanie et site internet » précise Marie-Stéphane Cazals, responsable de l’animation du collectif avec l’Umih et cheffe de projet tourisme à la CCI Gers. En termes de communication justement, les « Maryses » vont continuer de porter leurs messages à l’occasion d’événements locaux, nationaux et même, au-delà de nos frontières. En témoigne leur participation régulière à des manifestations gastronomiques gasconnes, au salon de l’Agriculture 2023, en démontrant leur talent culinaire sur le stand du département, ou en participant au Parabere Forum 2024, colloque organisé en Espagne pour faire entendre la voix des femmes dans l’univers de la gastronomie et de l’alimentation. Et Marie-Stéphane Cazals d’envisager « que ce réseau solidaire puisse essaimer dans d’autres régions car il apporte la preuve de son efficacité concrète »…
1 Préfecture, Comité départemental du tourisme, Caisse d’allocations familiales, Pôle Emploi, Chambre d’agriculture, Dreets (Direction du travail)…
Pour découvrir le collectif « Les Maryses »
Un film militant : À la recherche des femmes chefs