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Article N°23854

COVID - 19 GlobalGeoNews / Général Soubelet : « Soyons disciplinés »

Pour le Général Bertrand Soubelet, ex-numéro 3 de la gendarmerie nationale, « la capacité de l'Etat à gérer la crise repose sur deux piliers essentiels : l'anticipation et la mise en œuvre de décisions ». S’il s’étonne à jute titre que « compte tenu des informations données par les autorités des pays touchés et de l'OMS depuis des mois, un certain nombre de précautions n'aient pas été prises », il insiste sur la nécessité de respecter et d’appliquer de façon stricte les consignes de confinement. Tribune.

La gestion d'une crise est toujours un moment délicat, et il est toujours révélateur des faiblesses d'un système donné ou d'une société.

Le rôle de l'Etat, dans le contexte que nous connaissons, est de permettre la continuation des activités essentielles du pays, en particulier du système de santé et des activités économiques en protégeant la population.  Tout cela n'est possible que si l'ordre public est assuré, et les contraintes imposées par la situation respectées.

La capacité de l'Etat à gérer une crise repose sur deux piliers essentiels : l'anticipation et la mise en œuvre de décisions fondées sur une analyse actualisée de la situation.

Pour ce qui est de l'anticipation, il est assez surprenant que compte tenu des informations données à la fois par les autorités des pays touchés et de l'OMS depuis plusieurs mois, un certain nombre de précautions n'aient pas été prises. Notre pays dispose d'organismes dont le rôle et la vocation même est de planifier et de préparer la réponse aux crises. C'est le cas du secrétariat général de la défense et de la sécurité nationales (SGDSN). Cela s'appelle en termes professionnels de la planification "à froid".

Depuis le temps que l'éventualité d'une crise sanitaire majeure est évoquée, confirmée par les alertes de la grippe aviaire et du SRAS, on aurait pu imaginer que cette hypothèse aurait été réellement prise en compte.

Manifestement, cela n'a pas été le cas et alors on peut se poser la question de l'utilité d'une planification gouvernementale si elle n'est pas mise en œuvre, ou si les toutes les hypothèses de crises ne sont pas couvertes.

Hormis cette anticipation manifestement déficiente, se pose la question des mesures préparatoires à prendre dès que l'ampleur de la pandémie était connue.

Notre pays bénéficie de compétences pour prendre ces situations en compte. Cela s'appelle de la planification "à chaud". Les Armées et la gendarmerie disposent d'outils et de personnels dont c'est le métier. Les cabinets ministériels sont totalement désarmés dans une telle situation, et à quelques semaines du choc qui a affecté de plein fouet l'Est de la France, il y avait encore une marge de manœuvre.

La gestion d'une crise majeure repose également sur la validité des décisions prises sur des critères objectifs et sur leur mise en œuvre. 

Gérer une crise est un métier particulier qui nécessite à la fois une longue expérience et une stabilité individuelle, lesquelles permettent de rester centré sur l'essentiel.

Hélas, les responsables politiques ne sont pas préparés à de telles situations. En effet, la crise - en particulier celle qui menace la vie et la santé de la population - fait appel à des ressorts et des logiques très éloignés de la vie normale.

En outre, pour être pertinent, il est absolument essentiel de prendre en compte tous les paramètres et les informations actualisées afin de préparer des décisions conformes aux priorités définies. Or, par construction, le propre des responsables politiques n'est pas la constance dans les choix de fond. Il y a donc une antinomie aggravée par deux facteurs supplémentaires: l'absolue nécessité de méthode et d'expérience.

« Tirer les enseignements d’une telle épreuve »

La plus grande erreur d'appréciation est d'imaginer qu'une telle crise peut se régler par la politique avec des responsables politiques.

La crise sanitaire que nous subissons nécessite une grande réactivité  et une adaptation du système de santé à l'ampleur et au nombre de victimes. C'est le rôle des professionnels de la santé dont l'avis doit prévaloir.

Et pour que la situation n'empire pas et que les soignants puissent ne pas être submergés, l'application des consignes de confinement doit être stricte et c'est l'affaire des forces de sécurité à qui il faut confier cette tâche sans qu'il puisse y avoir d'interférences. Il est intéressant de constater que le corpus législatif de notre pays et la constitution comportent des dispositions qui permettent de faire face à des situations d'exception. La loi de 1955 sur l'état d'urgence a été remise au goût du jour au moment des attentats de 2015 et permet un certain nombre de mesures dérogatoires au droit commun. L'article 36 de la constitution traite de l'état de siège. Certes ces dispositions méritent un sérieux toilettage mais leur esprit correspond tout à fait à ce qui pourrait permettre à notre pays d'affronter les crises majeures dans de meilleures conditions.

Ces états d'exception sont l'épouvantail des doctrinaires des libertés individuelles et pourtant la gestion d'une crise d'ampleur nécessite des sacrifices. Et la renonciation à certains droits individuels et collectifs est une des clefs du traitement des crises d'ampleur.

Dans le cas actuel qui concerne la France, l'Europe et le monde, sauver des centaines de milliers de vies justifie pleinement que la liberté de circuler soit supprimée, que la responsabilité de l'ordre public soit intégralement transférée aux autorités de police et de gendarmerie, qu'un contrôle soit institué à l'égard des informations qui sont diffusées par les médias entre autres.

Car une crise d'ampleur nécessite un cadre spécifique, temporaire qui contraigne les citoyens et évite les fausses informations, la contestation des consignes, la critique ouverte des décideurs quoi qu'on pense de leurs décisions.

Dans d'autres pays voisins tout cela est plus naturellement accepté et ils n'en sont pas moins démocratiques pour autant.

Nous devrions réfléchir à tout cela dès que le calme sera revenu en gardant en tête que les logiques du temps normal ne sont pas la clef de la réussite en temps de crise.

Chacun doit traiter ce pourquoi il a été préparé, les spécialistes pour traiter les questions de santé, de sécurité et d'ordre public, les chercheurs pour le vaccin, les acteurs des activités d'importance vitale pour permettre au pays de continuer à vivre. Cette coordination doit être assurée par une cellule de crise opérationnelle en dehors de toute considération politique.

Le politique doit se cantonner aux directives générales et s'appuyer sur les compétences de tous ceux qui bénéficient d'une expérience reconnue dans tous les domaines considérés.

Ce pêché d'orgueil qui consiste à croire que le politique peut et sait tout, et qu'il peut justifier en permanence son action en sur-communiquant, va probablement coûter très cher à la France.

Le prix sera majoré si dès la fin de la crise, après avoir honoré ceux qui auront combattu, nous n'en tirons pas des enseignements suivis de changements radicaux. Radicaux sur les méthodes et les procédures mais radicaux sur ceux à qui nous confions notre destin et sur ceux qui nous administrent.

Soyons disciplinés, respectueux des consignes et mûrissons nos éventuelles critiques en notre for intérieur. Prenons rendez-vous dans quelques mois pour tirer les enseignements de cette épreuve dans laquelle doit se renforcer le mot le moins pratiqué de notre devise: la fraternité.

 

22/03/2020  


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