Le couple Franco-Allemand et son rôle dans le déclin français
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Article N°26268

Le couple Franco-Allemand et son rôle dans le déclin français

Dans cet article, je trouve intéressant de se pencher sur la nature réelle de la relation Franco-Allemande, et pas celle de mon point de vue, fantasmée par nos dirigeants politique. C'est aussi un regard important à porter à quelques jours du second tour, afin d'éclairer nos choix et des impacts qu'ils pourraient avoir su le futur industriel de notre pays et donc des emplois et de sa prospérité économique.

Ces quelques éléments que j'assemble pour en faire une analyse qui m'appartient vous interpellera probablement, n'hésitez pas à réagir. Mais comme vous pourrez le devinez les carricatures que nous montre le débat politique actuellement, mériterait un peu plus de nuances. Et la raison, n'est pas forcément là, où elle affirme être...

Il est peut être temps de remettre la protection de nos intérêts au centre du débat, et de cesser d'être les dindons de la farce de la guerre économique qui nous est menée...

#SouverainetéIndustrielle #DéfenseDeNosIntérêts


Nous sommes en périodes électorales et à l’aube du second tour. Même si j’ai conscience que peu de gens à priori trouveront ce sujet important, il me parait clair de l’aborder. Ce d’autant plus que notre président actuel et son gouvernement comme les gouvernements précédents ont œuvré et œuvrent encore à notre déclin industriel, le tout sur l’autel du fameux couple Franco-Allemand moteur de la construction européenne.
 

Politique énergétique, la première pierre d’achoppement

Pour comprendre pourquoi le couple Franco-Allemand est dysfonctionnel, il faut s’intéresser notamment à la divergence de nos intérêts stratégiques, et la politique énergétique en est un exemple éclatant.
La France grâce au Général De Gaulle et au programme nucléaire qu’il a initié, a permis à la France de se doter d’un avantage énergétique indéniable, avec une capacité de production électrique très bas carbone et peu coûteuse. Cela nous a permis d’avoir sur nos « amis » allemands un avantage concurrentiel non négligeable pendant quelques décennies, grâce à cette énergie peu coûteuse et indépendante des cours du pétrole et du gaz. Avantage dont on avait bien besoin pour notre industrie.

Il est important de rappeler que le développement de la filière nucléaire répondait à deux impératifs à l’époque du Général De Gaulle, civil avec cet avantage énergétique indéniable, et militaire dans la construction de notre dissuasion nucléaire. Pourquoi j’insiste sur ce point passé, c’est qu’à l’époque nous étions en pleine guerre froide. Quel rapport ? J’y viens. Pour déstabiliser les démocraties occidentales, l’URSS utilisait par leur financement des partis politiques (ex : PCF) ou encore des ONG comme Greenpeace. Et il est important de l’avoir en tête car cela explique bien des positionnements idéologiques et politiques qui passent souvent avant même l’objectif affiché de la défense de l’environnement.

La RDA (République Démocratique d’Allemagne) avait principalement axé sa politique énergétique sur les centrales thermiques au charbon au contraire de la RFA (République Fédérale d’Allemagne) qui dès 1960 avait autorisé l’utilisation de l’atome dans la production d’énergie. Au moment de la réunification, les industriels Allemands de l’énergie ont hérité d’un parc de centrales thermiques fonctionnant au lignite ainsi que des mines pour leur extraction (Les Echos mars 1994).

Si depuis plusieurs décennies les lobbys écologiques Allemands poussaient vers les énergies renouvelables, la tragédie de Fukushima accéléra un brutal désengagement Allemand de son énergie nucléaire. Les conséquences de cette décision, on les mesure encore. Accroissement de la dépendance énergétique Allemande au carbone (charbon et gaz), mais surtout perte de compétitivité de l’industrie Allemande à cause du surenchérissement du coût de l’énergie.

Les Allemands n’ont que leurs intérêts à cœur ce qui est normal, mais hélas on ne peut pas en dire autant de nos dirigeants politiques ! Face aux conséquences de leurs propres décisions, ils ont voulu désarmer la France du seul avantage compétitif qui lui restait, son énergie nucléaire, en utilisant bien entendu comme relais les écologistes et des ONG comme Greenpeace qui s’insurge sur le nucléaire français, mais que l’on ne voit pas beaucoup bouger face à la réouverture de mines de charbon en Allemagne et l’importation toujours plus massive de gaz russe.

Nous passerons rapidement sur les actions hostiles de l’Allemagne utilisant son infiltration dans l’ensemble de la structure techno-administrative Européenne pour classer le nucléaire hors pack vert et en même temps accepter le gaz comme énergie renouvelable, belle hypocrisie mais totalement alignée avec des objectifs de guerre économique.

Pour démontrer l’incurie de nos élites dirigeantes politiques et de la haute administration, nous pouvons noter que l’OFATE (Office Franco-Allemand pour la Transition énergétique) à ses bureaux au sein du Ministère de l’Ecologie, et se retrouve aussi dans les bureaux ministériels allemands. Cette localisation en soi, pourrait ne soulever aucune question, si cette officine ne promouvait essentiellement les industriels Allemands de l’éolien avec l’alliance de centrales gaz elles aussi fournies par les industriels allemands ! Si on met cela en parallèle des décisions de démantèlement de notre fleuron industriel Alstom qui était leader sur le marché des turbines destinées aux centrales à GE par un certain Emmanuel Macron (comme secrétaire d’état à l’Elysée puis comme ministre de l’Économie), on est en droit de poser la question sur les capacités de gestion de vision stratégiques de nos gouvernements des 20 à 30 dernières années, qui se revendiquent elles-mêmes forces de gouvernement et de la raison…

Il est temps que l’on retrouve une vision stratégique de notre politique énergétique dans le cadre de la guerre économique (Fabien Bouglé – Sud Radio) qui nous est menée par des puissances qui sont officiellement nos alliés (Allemagne et Etats-Unis notamment). Si le sujet ici n’a pas été abordé, il me semble que pour les prochaines années, il nous faut défendre EDF et sortir des dogmes de la fausse concurrence imposée dont le seul but est de nous priver d’un de nos derniers fleurons industriels. Il me parait aussi important de revoir nos accords d’indexation des prix de l’électricité au niveau Européen, ceci afin de redonner l’avantage compétitif à ce qui reste de notre industrie.


Notre industrie de la défense, deuxième caillou dans la chaussure Franco-Allemande

En France, nous avons la chance d’avoir une industrie de défense solide et qui pendant de nombreuses décennies nous permettait d’avoir une vraie indépendance géostratégique sur l’ensemble de ses dimensions, air, terre et mer. Nous avons de beaux restes, avec des fleurons comme Dassault Aviation, Naval group, Nexter, Thales ou Safran. Cependant nous avons abandonné quelques filières qui à l’aune du conflit ukrainien nous montrent des faiblesses coupables comme dans la production de munition de petits calibres.

Mais dans ce secteur aussi l’Allemagne nous mène une guerre économique, avec la volonté affichée de voir disparaitre les derniers points forts de notre industrie. Pour étayer mes positions quelques exemples emblématique de mon point de vue.

Parlons un peu d’Arianespace, enjeux à la fois civil et militaire. Sous prétexte d’une mise au pot additionnelle en termes budgétaires, l’Allemagne a imposé à ce que la fabrication des moteurs Vinci soit déportée du site historique de Vernon vers le site allemand de Lampoldshausen (Les Echos 05 oct 21). Toujours dans le spatial, on a vu l’entreprise familiale OHB qui devient l’étendard de la stratégie nationale allemande en termes de satellites, faire du lobbying pour que les lancements de 6 satellites dans le cadre d’un programme européen se fassent par SpaceX et non Ariane.

Le même schéma se répète lors que l’on parle d’Airbus, ce consortium européen qui a vu le jour grâce à la France et à ces compétences industrielles, se retrouvent de plus en plus sous le contrôle allemand par le biais de manipulations que l’on continue de laisser faire, comme peuvent le montrer le programme de l’Airbus A400M (Challenges – 27 Nov 2012). En effet l’Allemagne qui avait déjà récupéré la production d’Airbus de 39,4% en 2012 avait suspendu le versement d’une avance de 600 millions d’euros pour le développement de l’A350, pour accroitre encore la part de production en Allemagne (La Tribune 17 Oct 2012). Sur les programmes militaires, la pratique est identique, gonfler les commandes Allemandes de façon exagérées pour obtenir la plus grande répartition industrielle (par exemple A400), puis arguer de coupes budgétaires pour au final commander moins d’avions. Le reste est produit toutefois pour l’exportation avec tout bénéfice pour l’industrie allemande avec au passage la récupération d’un certain nombre de savoir-faire français.

Nous pouvons évoquer aussi le cas de l’Eurodrone, qui finit par décoller en tant que projet, mais coup de poignard allemand, en plus d’imposer le fait que ce soit un bimoteur (ce qui pour beaucoup d’experts ne s’imposent pas) fait le choix d’une motorisation américaine par la filiale européenne Avio Aero de GE Aviation (air & cosmos) , bravo la souveraineté, au lieu du moteur que Safran avait développé dans le cadre de ce programme (La Tribune 31 mars 22).

Si nous n’y prenons pas garde, le problème sera le même pour le SCAF, le Système de Combat Aérien du Futur. Heureusement que Dassault partie importante dans l’aventure fait tout pour protéger ses savoir-faire et secrets industriels, mais encore combien de temps avant que notre haute administration et nos politiques trahissent les intérêts français au nom d’un sentiment d’admiration exagérée du modèle Allemand (Opex360 – 5 mars 2022) ?

Que dire de l’acquisition par l’Allemagne d’avions Boeing P-8A Poseidon américains de surveillance maritime (Ouest-France 13 mars 21), torpillant un autre projet commun Franco-Allemand, le projet MAWS (Maritime Airborne Warfare System).
Nous pourrions dérouler les mêmes comportements de notre partenaire allemand (La Tribune 13 jan 22), dans le cadre du développement du Système de Combat Terrestre du Futur (MGCS : Main Ground Combat System). En effet par des manœuvres de fusion-acquisition du côté des acteurs industriels allemands, afin de récupérer le contrôle majoritaire du programme (Business AM – 15 décembre 2021)

Lorsque l’on prend chacun de ses événements indépendamment, on pourrait se dire que ce n’est pas de chance. Mais en regardant le paysage d’ensemble, on ne peut que constater qu’il s’agit d’une opération systématique de destruction de notre outil industriel de défense. De mon humble avis d’amateur des questions de défense, et non d’expert, je vois dans cette guerre économique qui nous est menée deux acteurs. L’un visible et en première ligne, l’Allemagne qui ne veut pas voir une possible résurgence d’une capacité industrielle française qui pourrait finir par lui faire de l’ombre y compris dans le civil. L’autre, le marionnettiste qui n’a pas les mêmes motivations que l’Allemagne, mais qui veut être le seul fabricant et fournisseur d’armes du monde occidental, les Etats-Unis. L’utilisation de proxy pour arriver à leurs fins est un grand classique de leurs moyens d’actions pour imposer leur volonté, y compris à leurs « alliés ».


Le dernier facteur majeur qui rend illusoire la poursuite du couple Franco-Allemand, la vision géostratégique.

Une fois encore, on ne peut que constater une vision aux antipodes l’une de l’autre. Les Allemands toujours dans la culpabilité conséquence de la seconde guerre mondiale, ont décidé de se retirer de l’histoire, et de n’en être plus que spectateurs. La conséquence logique de cette position, complètement intégrée par l’ensemble de la société allemande, c’est d’avoir sous-traité complètement sa défense dans les mains des américains et de l’OTAN. De plus l’organisation politique (fédéralisme) imposée par les Américains à l’armistice, s’est assurée de l’impossibilité pour l’Allemagne de redevenir un régime fort. Ceci n’est pas un jugement mais un constat. Il est d’ailleurs intéressant de constater que la construction Européenne poussée par les actuels dirigeants visent à imposer une organisation fédérale et régionale construite sur le modèle Allemand, de là à vouloir affirmer que les Américains chercheraient à s’assurer que l’Europe ne puisse redevenir une puissance géopolitique leur faisant de l’ombre, il y a un pas que je ne franchirais pas…

Du côté de la France, nous avons été modelés par des siècles d’histoire de grandeurs, et par une figure emblématique, celle du Général de Gaulle, qui au sortir de la guerre à toujours voulu maintenir, reconstruire une capacité pour la France de faire entendre une voie différente, non-alignée, dans le conflit larvé qui s’était installé entre les deux superpuissances de l’époque l’URSS et les Etats-Unis. Cette vision s’est affadie avec le temps, et notamment des renoncements sur notre souveraineté, transférée en partie sur l’Europe et avec la décision de rejoindre le commandement intégré mise en œuvre par le président Nicolas Sarkozy. La convergence de ces facteurs, ont entrainés de facto l’alignement de notre politique étrangère sur celle des Américains, et nous n’arrêtons pas d’en payer le coût élevé. Et ce pour quel bénéfice, leur protection ?

Ces deux visions différentes entre l’Allemagne et la France influent aussi sur nos coopérations, en effet en matière d’industrie de défense, compte tenu de notre taille, il est nécessaire d’exporter. Or, nos positions géopolitiques, nos intérêts industriels étant souvent divergent, on pourrait se trouver dans l’impossibilité d’exporter du matériel vers des pays qui aurait l’heur de déplaire à nos alliés. Eux ne s’embarrassant pas à d’exporter des sous-marins à la Turquie, qui pourtant mène des actions hostiles à l’encontre d’un membre de l’Union Européenne, la Grèce (Ouest-France 6 juin 21).
 


La crise Ukrainienne et ses impacts

La récente crise en Ukraine avec l’agression caractérisée de la Russie aurait pu nous faire croire, et c’est ce que beaucoup veulent entendre, que l’Europe de la défense pourrait se construire et que l’on pourrait voir émerger une Europe puissance.
Cependant, on peut constater dans les réactions au niveau Européens, notamment au niveau des sanctions le jeu trouble une nouvelle fois de l’Allemagne. Qui a été prompte à imposer des sanctions économiques sévères à la Russie hors gaz… L’Europe du Sud et la France peuvent sacrifier lourdement leur agriculture et leur industrie agroalimentaire. Touchez au gaz est une autre histoire…

Qui a organisé cette dépendance de l’Europe au gaz Russe l’Allemagne, avec des liens troubles entre d’anciens dirigeants Allemand comme Gerhard Schröder, qui est au conseil de surveillance de Gazprom. Dépendance au gaz renforcée par la décision d’Angela Merkel de sortir du nucléaire. Cependant, les différentes sanctions occidentales à l’encontre de la Russie, y compris sur le gaz et le pétrole Russe vont avoir des effets de retour de flamme sur l’ensemble de l’économie Européenne, nos amis anglo-saxons eux, beaucoup moins dépendants pourraient en tirer les marrons du feu…

 

Sur l’aspect défense européenne, nous aurions pu espérer une prise de conscience de l’Allemagne sur la nécessité de se réarmer et surtout d’acquérir une autonomie stratégique… Que nenni, la première annonce de l’Allemagne a été de commander des F-35, cet avion américain pourtant controversé au sein même de l’USAF (US Air Force).

Une nouvelle fois, sans rentrer dans le détail des intérêts divergents que l’on peut avoir entre les différents membres de l’Union Européenne sur les enjeux de souveraineté de notre outil de défense, il y a déjà suffisamment d’éléments dissonants dans le couple Franco-Allemand, pour arrêter de croire au Père Noël.


Conclusion

Ne serait-il pas temps de regarder la réalité du couple Franco-Allemand en face. De constater qu’ils nous mènent une guerre économique, qui plus est, ouverte. Ne peut-on demander à notre classe politique de se positionner clairement sur cet état de fait, et de nous proposer une ligne de conduite qui serve les intérêts de la France. Il me semble donc important de questionner notre politique et nos coopérations industrielles à cette aune, et à quelques jours du débat télévisé entre les deux candidats actuels à la présidence de la République, peut-être serait-ce l’occasion de clarifier leur position à cet égard ?


Emmanuel MAWET

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  • JJUG :19/08/2023 17:58:54 Le "couple franco-allemand" n'existe que dans les fantasmes des français.
    Les allemands (d'après ce que je crois savoir) utiliseraient le terme "moteur franco-allemand"
    Je me demande qui a la commande d'accélérateur ...
    En plus de ma référence au discours de Pierre Mendès-France, dans mon commentaire précédent, revoir le discours de Philippe Seguin (2h1/2) à la Chambre des Députés avant Maastricht. La suite lui a donné raison !
    https://videos.assemblee-nationale.fr/video.674333_55488159b3ea7.traite-de-maastricht--exception-d-irrecevabilite-defendue-par-philippe-seguin-5-mai-1992-5-mai-1992
    2h08 ficeler l’Allemagne

  • JJUG :16/04/2022 14:53:57 Emmanuel 1er Ministre !
    l'élection présidentielle est close cette fois ...

    Relire au moins la conclusion du discours Pierre Mendès-France
    Traité de Rome 18 janvier 1957
    https://www.pouruneconstituante.fr/spip.php?article526
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