EDUCATION : pourquoi  les «  groupes de niveau » vont précipiter encore l’échec scolaire !
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Article N°27869

EDUCATION : pourquoi les «  groupes de niveau » vont précipiter encore l’échec scolaire !

 A la rentrée 2024, les élèves de 6 eme et 5 eme vont etre répartis, pour le Français et les Mathématiques, en " groupes de niveau" ...Pourquoi cette " innovation ",  prétendument salvatrice n'est qu' une escroquerie de plus qui va faire encore dégringoler le niveau des élèves. 

Protester et contraindre les chefs d 'établissement à différer cette application. En l 'absence d'une loi, Ils le peuvent. L'organisation des enseignements relève de leur pouvoir. 

 

Il faut prendre conscience du danger que représente la proposition actuelle en groupe de niveau.
 

Si l 'idée en soi est bonne, la manière dont elle va être mise en place va tout simplement creuser encore l' illettrisme croissant  de nos jeunes. Personne ne réalise en ce moment que ces « groupes « sont en fait des classes :

FAITS 

En gros, les élèves seront en " classes " de 30 pour toutes les matières sauf le Français et les Maths. 
Pour ces matières ils seront répartis en " groupes " 
Soit pour 7 classes de 6 eme 8 groupes 
- un à 15 - pour les nuls 
- sept  à 21 ou 29 - pour moyens et forts 

Les  demi groupes ( 15 /15 ) actuellement en vigueur sont de facto supprimés.

COMMENTAIRE

ATTENTION : L 'Education Nationale a lancé l'opération : à partir de septembre prochain.
Si les parents ne réagissent pas tout de suite en s'opposant à cette mise en place dès maintenant, il n'y aura plus de retour en arrière possible.  
Les enfants en 6 eme et 5 eme serviront de cobayes. Sans aucun soutien particulier désormais pour les élèves en difficulté qui seront obligé sde suivre dans des groupes à 21 ou 29. 

Pourquoi cela ne marchera pas : rendez-vous PISA dans deux ans ...

1 - sur le plan organisationnel 

A – La réalisation des groupes :

• Nous avons entendu : groupes de 15 pour le groupe le plus faible, groupes de 21 maximum pour les autres. Ce qui pose déjà le problème de la base de travail :

• Comment regrouper les élèves de 6 eme ? à partir de quelle base ? Si c’est sur l’ évaluation nationale, cela fait démarrer l’année en octobre : comment seront accueillis les élèves en début d’année ? Dans quelle classe ou groupe puisqu’on ne pourra commencer direct avec les groupes ? Donc comment sera – t il possible de constituer des équipes pédagogiques et des emplois du temps :

• - pour les élèves, sachant qu on est à 50 PAP / PAI en moyenne sur 200 élèves à peu près, les parents ne pourront pas s’organiser, prendre les rendez vousorthodontiques etc ?

• 5 eme ? Même remarque sachant qu’ il n’y a pas d ‘évaluation.

• Ensuite : on a évoqué la « perméabilité « des élèves d’un groupe à l’autre : et donc la possibilité de faire changer les élèves de groupe pendant l’année. C’est intellectuellement possible mais techniquement très compliqué. Comment dans un contexte mouvant permettre aux familles de poser en début d’année, comme elles le font, les problèmes familiaux, emploi du temps, sports, médicaux ?

• Aussi dès que les parents vont comprendre la composition des Groupes faibles / moyens / bons : on peut s’attendre à des réclamations et plaintes de parents. 

 

• B – Pour la communauté éducative :

• - le système suppose une concertation forte aux sein des équipes et des collègues par niveau : nous savons qu’il n’ y aura pas d ‘ heures pour cela . La concertation « machine à café « a ses limites qui vont se trouver.

• - Comment avoir des professeurs principaux si le groupe classe disparaît ?

• Surtout si les élèves changent de groupe : il faudra donc interdire la perméabilité selon les groupes : ce qui est pénalisant et va contre l’ idée du système qui est de faire progresser les élèves ( intention affichée dans le décret qui va certainement se heurter au mur de la réalité)

• Soumettre à l’arithmétique des chiffres fixes de 15 / 21 alors que les enfants ne sont pas des statistiques et que des nombres clos fixés technocratiquement ne permettent jamais une vraie adaptation aux questions purement humaines qui sont le coeur de l 'éducation.

• La pédagogie de projet  recommandée depuis plus de dix ans repose largement sur les professeurs de Français et Mathématiques, porteurs bien souvent. Avec la perte de l' unité « classe », la menée de projets va être impossible : comment mener un projet avec des élèves fluctuants, sans compter les inégalités de fait puisque tel groupe pourra profiter d’un projet et pas l’autre, et beaucoup manquer le début ou la fin du projet si changeant de groupe.
Cela va par exemple signer la fin des activités de remédiation spécifiques, ainis que des actions culturelles - de théâtre, de cinema  et d' écriture,  - qui se pratiquaient en demi groupe.

• Surtout, la suppression des dédoublements, remplacée par ces groupes de niveau, est une erreur :
Si les groupes à effectifs réduits n’avaient pas montré leur efficacité depuis bien longtemps, pourquoi mettre les groupes faibles à 15 ? Et pourquoi les CP à 15 ? Il faut être réalistes et prévoir des heures de soutien pour ceux qui ne pourront pas suivre. Car l ‘organisation proposée ne tient nullement compte de l’état catastrophique des élèves même dits « moyens ». Qui requerraient des mesures autrement plus énergiques. Mais qui ont un coût. NOUS VOYONS BIEN QUE LE BUT EST DE METTRE LE MOINS D'ARGENT POSSIBLE DANS L'ECOLE : et DANS LA JEUNESSE QUI EST NOTRE AVENIR !!!!

• 2 – Sur le plan pédagogique

• Nous comprenons bien la logique du moindre coût qui sous-tend ces propositions « à moyens constants ».
Nous rappelons l’état d’ignorance voire d’illettrisme qui frappe la jeunesse depuis une dizaine d’années dans une indifférence générale - sauf au moment de la lecture des résultats des enquêtes type PISA : étonnement de façade alors que toutes les sonnettes ont été tirées - les prévisions du  présent article sur le niveau des élèves ayant " bénéficié " de ce système seront hélas vérifiées dans deux ans....comme celles dites au moment de la réforme du collège en 2016 - voir enquêtes PISA subséquentes : malgré les promesses de 2016,  on paye les mesures irréfléchies et les heures de cours supprimées (1h 30 de moins en Français par niveau par exemple ..)  ! 

• Il est possible que dans certaines disciplines, la mesure puisse avoir un sens. En Lettres toutefois, la structuration en groupe de niveau sur tout l’horaire, ce qui est pour le moment envisagé, présente plusieurs obstacles majeurs :

A – Spécificité de l’enseignement des Lettres

Dont nous rappelons qu’il est un enseignement clé et pivot ; sans compréhension de la langue et méthodes d’expression, l’excellence ne saurait être atteinte dans aucune autre discipline

- Incompatibilité structurelle : Le travail avec Dominantes ( lire, écrire ,dire, maitrise de la langue ) suppose des inégalités de niveau : un élève peut être bon en grammaire et pas en écriture, ou mauvais en lecture et bon écrivain, mauvais lecteur et bon grammairien. On ne pourra diviser les groupes encore plus pour tenir compte de ces différences d’une dominante à l’autre.

Les Lettres ne sont pas une Langue : le travail en séquence articule le texte et la langue, ce qui permet de donner du sens aux apprentissages. Donc, comment articuler le travail sur un groupe sur le héros, un autre sur Dire avec le théatre ? Si un collègue revient sur l’ imparfait avec la narration et l’autre l ‘impératif avec le théatre ?

- matériel ?

Il y aura aussi immanquablement le problème des matériels : selon les groupes et les collègues, les demandes changent : classeur , cahier ? Il est déja très difficile d obtenir qu ils aient leur matériel en temps normal alors dans ce contexte ...Or chacun s’efforce de forger des méthodes depuis longtemps, qui seront mises à bas.

B – Liberté pédagogique

• Donc, même si nous obtenions les heures de concertation, on voit bien que ce dispositif ne saurait que supprimer a possibilite de chaque enseignant de choisir ce qui sera le plus adapté à ses élèves : sans compter pour les élèves changeant de groupe, le risque de faire deux fois la même chose ou au contraire ne jamais faire telle ou telle séquence ,ni tel temps ou l’adverbe. En tous cas, il est impossible de faire fonctionner des groupes différents à un même rythme !

Enfin ce dispositif estprofondément méprisant à l’égard des compétences de personnels en majorité niveau A plus, que l’on ramène au rôle de pions interchangeables dans un système non éprouvé. Sans tenir compte de tout le travail effectué pour mettre en place, au fil de réformes toujours plus accélérées, de véritables outils efficaces. Qui nous sont retirés au fur et à mesure.

Il faudrait à un moment où le Ministère peine à recruter se poser la question de supprimer un des derniers bastions de ce métier : la fierté pour chacun de forger son enseignement pour être toujours plus au près des besoins des élèves. Ce que nie cette proposition, qui, il faut bien le dire, est comme bien souvent hâtivement bâtie et parachutée : comme on le voit, bien des aspects soulevés ici n’ont pas été considérés en amont. Et, cette première analyse livrée, de nouveaux obstacles ne manqueront pas d’apparaitre avec le temps :

C’est bien léger de fonctionner ainsi si on considère les enjeux : la formation de jeunes esprits, déjà tant mise à mal, alors que notre avenir repose sur eux.

Si véritablement ce système devait être appliqué dès la rentrée 2024, nous recommandons fortement de garder un minimum d’unité du groupe classe : en collège les enfants ont besoin de sécurité .

Nous proposons en effet d’appliquer l’idée du groupe de niveau mais

- avec un maintien d’un bloc d’heure classe – deux ou trois par semaine

- appliquer les groupes de niveau au sein des dédoublements – par groupes de niveau donc – entre 8 et 15 élèves – sur le modèle de l’AP – deux heures par semaine

Et là on pourrait en effet effectuer un travail sérieux et solide avec une remédiation efficace aux lacunes himalayennes de nos jeunes.

Mais nous remarquons que ce nouveau mode de fonctionnement s’apparente davantage à une Réforme qu’à un simple aménagement. 

Nous estimons donc qu’un arrêté est juridiquement insuffisant pour porter de tels bouleversements. Qui relèvent d’une loi. Il pourrait tout à fait être attaqué à ce titre. En effet, en l' absence de loi réorganisant l'enseignement, l'ORGANISATION DES ENSEIGNEMENTS RELEVE  DES COMPETENCES DU CHEF D 'ETABLISSEMENT. 

C’est pourquoi LES PARENTS PEUVENT RECLAMER localement :

• D’une part un moratoire : que compte tenu des difficultés d’application qui seront développées ici, il soit donné aux Chefs d 'établissement et aux équipes un temps d’étude – un an ? - pour proposer les meilleurs moyens d’application. Compte tenu du peu d’ information dont nous disposons à ce stade, il est en effet très difficile de bâtir déjà une DGH cohérente, de désigner les équipes et bâtir des emplois du temps.

• D’autre part, comme pour l’uniforme, une expérimentation sur un échantillon représentatif afin de mesurer l’impact réel de cette mesure par rapport à ces grandes difficultés d’application. En effet, nous avons déjà expérimenté beaucoup de systèmes qui ont révélé trop tard une efficacité trop relative et ont dû être abandonnés. VOIR  pour information un rapport de recherche sur les groupes de niveau et leur efficacité réalisé par un universitaire anglais. Ce rapport montre que ce système a un taux de réussite très relatif, surtout quand il est, comme démontré, parachuté sans expérimentation ou formation préalable.

Annexe : Rapport anglais sur le travail en groupes de niveau.

Principalement basée sur les résultats de Peter Blatchford (et son équipe), un universitaire anglais qui a beaucoup travaillé sur les effets de la réduction de la taille des classes et le groupement des élèves sur les apprentissages, la revue de littérature présentée par Romuald Normand s’appuie principalement sur l’expérimentation des groupes de niveau qui a lieu depuis de nombreuses années au Royaume Uni.

Que nous apprend la recherche internationale sur les groupes de niveau ?

Le Royaume-Uni, qui expérimente les groupe de niveau depuis de nombreuses années, est un terrain intéressant pour en déceler les effets positifs et négatifs, de nombreux chercheurs outre-manche les étudiant. Le chercheur Peter Blatchford en est spécialiste. Dans ses différentes recherches, il nous apprend que le regroupement d’élèves par niveau ou par aptitudes n’a pas vraiment d’effets sur les apprentissages des élèves. Si le regroupement tend à améliorer la réussite des bons élèves explique-t-il, il est préjudiciable pour les plus défavorisés et ceux à besoins particuliers. Les groupes de niveau peuvent démotiver ces derniers et conduire à des attitudes antiscolaires. Pour autant, le chercheur tempère. Ces groupes de niveau peuvent être pertinents selon lui, mais seulement à certaines conditions.

Quelles sont ces conditions ?

D’après Blatchford, il semble qu’il faille tenir compte de plusieurs facteurs déterminants dans le regroupement des élèves : la taille de la classe, le fait que les groupes soient dans la classe ou hors la classe, les interactions entre élèves, entre l’enseignant et les élèves, ainsi que la pratique pédagogique mis en œuvre. Les résultats de ses recherches montrent que lorsque l’effectif est trop important, cela conduit à des problèmes de gestion de classe et que cela impacte directement les conditions d’apprentissage.

Le chercheur prône aussi une formation des enseignantes et enseignants au travail de groupe et au développement des compétences psychosociales des élèves – qui sont nécessaires aux interactions au sein de groupe.

Selon lui, lors d’une organisation pédagogique en groupe, l’enseignant doit prioritairement travailler sur ces compétences psychosociales avant d’aborder les compétences cognitives. Ces dernières contribuent à l’amélioration des compétences des élèves. C’est ce que le chercheur nomme une « pédagogie sociale ».

Une pédagogie sociale, c’est à dire ?

La pédagogie sociale est une pédagogie collaborative, flexible, qui prend les dispositifs pédagogiques comme une ressource et non comme une contrainte. D’après Blatchford, la pédagogie sociale est nécessaire à l’efficacité des tâches cognitives effectuées au sein du groupe d’élèves. Il préconise des dispositifs d’apprentissages flexibles sur un plan organisationnel et cognitif.

Au lieu d’avoir des regroupements fixes d’élèves, il invite à réfléchir à des groupes flexibles dans le temps et dans l’espace – en dehors de la classe, en coordination avec d’autres enseignants. Blatchford préconise de faire travailler les équipes pédagogiques de façon collaborative, pour définir ensemble les groupes, les séquences pédagogiques et évaluer régulièrement les acquis cognitifs des élèves comme les effets du regroupement.

Ces techniques collaboratives existent déjà. En Finlande, des regroupements se développent en dehors du face-à-face pédagogique avec les élèves ou un enseignant/une classe. Trois à quatre enseignants peuvent réunir 80 élèves et les regrouper en fonction de leurs besoins selon différentes séquences d’apprentissages. C’est très flexible, et les changements peuvent se faire d’une séance à l’autre. C’est un travail de coopération entre les élèves et entre les enseignants.

Ce travail collaboratif se déroule « au fil de l’eau », et le dispositif peut être régulièrement révisé. Cela nécessite donc un réel accompagnement – et une formation des enseignants en ce sens, des temps de coordination et une grande flexibilité notamment dans la gestion des emplois du temps et les contenus scolaires.

La dynamique de l’équipe pédagogique procédant au regroupement est tout aussi importante que celle induite au sein du groupe élève.

Quel bilan de l’expérimentation anglaise ?

L’expérimentation anglaise montre que ce n’est pas le dispositif en lui-même qui a des effets mais les modes d’interaction qui sont privilégiées dans les interactions entre élèves, ou avec l’enseignant. Cela nécessite de repenser plus spécifiquement les temps et les espaces sur le plan matériel et cognitif où s’opèrent des regroupements flexibles. Beaucoup de systèmes éducatifs à travers le monde jugés performants dans les résultats à PISA – a Finlande, Singapour, etc.- ont rompu avec la « forme scolaire » pour dégager des espaces de concertation et de co-production des enseignements favorisant ces regroupements en conciliant mieux dans l’école ou dans l’établissement l’évaluation des acquis des élèves, leur développement social et cognitif, l’innovation pédagogique. L’enjeu est de passer d’un apprentissage de « surface » – où les connaissances et les compétences acquises sont éphémères, à un apprentissage « approfondi » – où les élèves acquièrent et stabilisent réellement leurs connaissances et compétences à travers un progrès cognitif.

Mais alors, les groupes de niveaux prévus à la prochaine rentrée sont-ils pertinents en France ?

Cela ne peut fonctionner que dans des établissements où les équipes s’engagent dans le dispositif, où elles ont des temps institutionnalisés pour se réunir, pour travailler ensemble à l’aménagement des groupes, pour évaluer fréquemment les progrès cognitifs des élèves … Mais cela nécessite aussi tout un travail en amont sur les compétences psychosociales des élèves, qui sont encore peu travaillées en France, des compétences qui permettent le saut cognitif, et qui assurent que chaque élève est placé dans un dynamique de réussite.

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sarah AUSSEIL

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